Le jeans des puristes

Comme on dit, dans la vie, il y a jeans, et il y a Jeans. Entendre par là jean selvedge brut, celui apprécié par les puristes du denim. Commençons par un peu d’histoire.

 

Conçu et inventé pour les besoins des travailleurs, dans la deuxième moitié du 19e siècle (bonjour Levi Strauss !), ce pantalon, maintenant devenu LA pièce phare du vestiaire masculin, est initialement une pièce plutôt «technique» (on parle quand même de 1860 !). C’était le vêtement des aventuriers, des chercheurs d’or et des cow-boys de la côte ouest américaine. Le tissu (dont l’origine est incertaine… possiblement de Nîmes, ou peut-être italienne), un sergé de coton, avec un fil bleu/indigo et un fil de trame blanc, assemblé et solidifé par des rivets en cuivre, permettait une solidité à toute épreuve. Ça s’est longtemps perpétué, demeurant un vêtement de la classe ouvrière.

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Même Louis Cyr ne pouvait pas les rompre !

Le tournant se produit autour de la 2e guerre mondiale. L’expansion du cinéma, avec les westerns, mettant en vedette le mythique cow-boy de l’ouest, viril et libre, contribuera à populariser le «blue jean». Durant la guerre, les soldats américains, qui seront déployés à travers le monde, répandront aussi la bonne nouvelle denim jusqu’aux peuples les plus reculés (! sauf peut-être en Russie… mais ça c’est un autre débat 😉 !). Ça se poursuit dans les années 50 où, dans un esprit de révolte, la jeune génération s’approprie le blue jean (ça sera également l’émergence du t-shirt… !) autrement que pour des travaux physiques. Les gens ont soif de liberté, d’émancipation… ça sera une façon d’exprimer leur rébellion.

Le reste n’est que légende. Aujourd’hui, plus personne n’en parle comme d’un vêtement populaire ! On y trouve de tout, du jean bas de gamme à 40 $, jusqu’à des modèles se détaillant 1000$ (voire même plus…). Difficile de ne pas en trouver ne serait-ce qu’une seule paire dans la garde-robe d’un homme… à moins que vous ne viviez au fin fond de la forêt vierge, où que vous soyiez maître-d’hôtel au Ritz de Paris !

 

Le cas du selvedge

À l’origine, les filatures de coton (américaines) utilisaient des métiers dits «à navette». Les rouleaux de tissu produits avaient une largeur plus limitée (environ 75 cm), étant donné que le fil est continu et qu’il «tourne» autour de la bordure sur une toile de ce type. Le fil de bordure était coloré pour diverses raisons : esthétiques, identification de sa provenance… C’est la petite bordure rouge (le plus souvent) qu’on remarque de nos jours.

selvedge

Avec la demande qui augmentait, ces mêmes filatures ont cherché une façon d’augmenter la production et de diminuer les coût (comme quoi ce genre de discours ne date pas d’hier !). Ils ont ainsi progressivement laissé tombé les métiers à navette, abandonnant du coup le selvedge, pour produire des rouleux plus larges, à l’aide de métier à tisser pus modernes, permettant la confection de plus de jeans (mais dont les rebords de la toile sont coupés).

Ce qui fait la solidité de ce type de toile est qu’elle n’est pas coupée (d’où l’appellation : selvedge est la contraction de self-edge). Initialement produit (majoritairement) aux USA, la majeure partie de ce type de denim est maintenant produite au Japon (mais pas exclusivement).

Au final, la question demeure : qu’est-ce que ça change ?? La différence avec une toile courante est que, sur une toile selvedge, le fil est continu, la toile est tissée plus serrée et est donc plus résistante.

 

Brut ou selvedge ?!

Il y a souvent confusion entre selvedge et brut. La mention selvedge fait référence à la construction du tissu ; le terme brut fait référence à l’état initial (ou non) de la toile.

Un jean brut en est encore à sa teinte initiale (le plus souvent, sur un jean «classique», indigo), laquelle n’a pas été transformée/délavée/usée. C’est raide (attention aux premiers ports !), et ça déteint partout ! Clairement pas le choix no 1 pour la soirée où vous rencontrez les parents de votre nouvelle copine… surtout s’ils ont un canapé blanc ! Toutefois, à l’usage, vous verrez apparaître toute la souplesse du denim, ainsi que le délavage, qui se produira naturellement par la perte de pigments par le tissu de votre jeans. C’est ce qui produit le plus beau rendu ! Bon, ça demeure subjectif, mais difficile de trouver plus personnalisé comme style de jeans ! Et c’est ça qui fait craquer les fous du denim !

 

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Petite expérience faite par Brandon Svarc, fondateur de Naked and Famous. Remarquez le délavage progressif après un an de port… et la différence pré/post 1er lavage. Majeur !

 

Tu veux en savoir plus sur la naissance du jeans ? Je te suggère le lien suivant : http://lsco.s3.amazonaws.com/wp-content/uploads/2014/01/A-Short-History-of-Denim2.pdf

Ça vient du site de la compagnie Levi’s (qui d’autre), mais les faits historiques sont exacts. Il y a également de bonnes explications quant à la naissance des termes jean/jeans/denim… pour les amateurs d’histoire des langues 😉 !

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