Le génie de la chaussure

Tu es maintenant un expert en caractérisation de chaussures (sinon, retourne à l’article précédent avec le lien ici : https://styledepremier.com/2016/09/16/petit-lexique-des-chaussures/ ). Maintenant, comment savoir si les couvre-pieds que tu convoites valent la peine que tu y investisses un bon montant ?

À mon avis, il y a deux éléments à considérer (au-delà du style, évidemment), qui te renseignent sur la qualité de la chaussure :

  1. La qualité du cuir utilisé (si la chaussure est en cuir évidemment)
  2. Le montage de la chaussure

Pour le premier point, c’est ce qui permettra à ta chaussure de bien vieillir, et même d’aller chercher des nuances de couleur supplémentaires (la fameuse patine), avec le temps.

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Ici illustré sur un blouson en cuir, on voit bien le concept de la patine. Avec le temps, le cuir s’est usé, a changé sa couleur, mais le tout apporte une note brute pas mal intéressante au look… On n’obtient pas cela avec un cuir cheap/de mauvaise qualité.

Recherche un cuir lisse, uniforme et sans défaut (veines, piqures, autres marques sur la peausserie – beau mot de scrabble soit dit en passant). Idéalement, demande au vendeur de quel genre de cuir il s’agit (on te souhaite qu’il connaisse la réponse ! Pas sûr que ça sera le cas chez Aldo… !). Est-ce que c’est un cuir pleine fleur (i.e. comprenant toute l’épaisseur du cuir original) ? Fleur corrigée (i.e. qu’on a dû poncer et amincier le cuir pour retirer la couche la plus superficielle de ce dernier, pour cacher des imperfections) ? Ou même pire, une croûte de cuir : la peau est tellement corrigée et amincie que, techniquement, ce n’est plus du cuir… Tu comprendras que plus on doit corriger des imperfections, plus le cuir «original» est aminci, plus on doit le traiter avec des apprêts par la suite, et moins le cuir est de qualité. Et surtout, moins longtemps il t’amènera satisfaction !

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3 modèles de bottines de chez Jacques et Déméter ; si on y regarde de plus proche (sors ta loupe !), tu peux observer que le cuir semble lisse, régulier, sans imperfection.

Le pire des cuirs, c’est le cuir bookbinded (aucune idée de comment ça se traduit en français !). C’est un cuir de si mauvaise qualité qu’on l’a recouvert d’une couche de plastique… Ça craque au premier faux-mouvement et ça vieillit très mal. Petit indice : si tu n’as pas l’impression de toucher du cuir, si ça n’a pas trop l’air d’être du cuir, si ça ne sent pas le cuir… c’est que c’est probablement du simili-jambon bookbinded. Alors enfuie-toi ! Et tu serais surpris d’en retrouver sur des marques chères et très bien vues… !

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Ordinaire. Au mieux.

 

Deuxième point : le montage.

Il y a plusieurs façons d’assembler la semelle d’un soulier à la tige, i.e. la partie en cuir qui recouvre ton pied. On ne parlera pas trop des espadrilles/sneakers dans cette section, mais plutôt des souliers en cuir fréquemment rencontrés.

La base, pour les modèles les plus entrée de gamme, c’est une semelle collée. C’est ce que tu retrouveras en entrée de gamme, chez Transit et compagnie.

Ça dure 1-2 saison (rarement plus, ou dépendemment de ta rotation dans le port de tes souliers), ça finit par lâcher et ça ne se récupère pas trop ensuite. Pas très intéressant, on passe à la prochaine étape.

Ensuite, on commence à parler de semelle cousue à la tige. Ça, ça permet une construction durable (pas comme le pont Champlain… !). Pour ce faire, il y a 3 grandes catégories de montage :

le blake ; le goodyear ; et le cousu norvégien.

Bon, il existe d’autres techniques également (cousu californien, blake rapide, bolognais, alouette). Et j’exclue aussi les mocassins, qui sont une classe de chaussure (tout comme un type de montage) complètement à part. On va à l’essentiel ici !

Le blake : issu d’un artisan du même nom (Lyman Reed Blake pour les connaisseurs), lequel invita la machine qui permet de faire cette couture. Dans un montage Blake, la semelle est cousue directement à la première de propreté (la semelle interne en quelque sorte), à travers la tige de la chaussure. Les puristes diront que c’est moins solide qu’un Goodyear ou un norvégien (mais pas un suédois 😉 !), mais c’est pousser un peu fort la note… On rencontre de très bonnes chaussures en blake, qui ont aussi l’avantage d’être un peu plus fines, de par le montage qui est un peu plus simple. Théoriquement, c’est un peu plus difficile de changer la semelle aussi ; c’est toutefois possible de le faire avec de la machinerie spécialisée. Et on s’entend que si tu dois changer la semelle, c’est parce que ça fait déjà 7-8 ans que tu uses tes chaussures ! C’est déjà un bon retour sur investissement !!

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Tiré de www.jacquesdemeter.fr

 

Le goodyear : inventé par un monsieur…. Goodyear (pas facile !),  ce procédé de montage permet de relier la tige à la semelle, sans passer par l’intérieur de la chaussure. On incorpore plutôt une petite pièce de cuir (la trépointe en français/le welt en anglais) au pourtour du soulier, qui vient lier toutes ces pièces ensemble.

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Tiré de http://www.jacquesdemeter.fr

Les afficionados de chaussures (ou calcéophiles, comme tu l’as récemment appris !) ne jurent souvent que par son montage. Il est en effet un peu plus durable. Et le ressemelage est plus facile, comme il n’y a pas de trous dans la première du soulier. Mais ça vient au prix d’une chaussure un peu plus massive souvent.

Troisième montage important : le norvégien. Inventé par un … norvégien ?!? (pas clair), ça fait référence à un montage similaire au goodyear, mais sur lequel les deux coutures principales sont visibles.

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Tiré de http://www.jacquesdemeter.fr

Ça fait un peu plus massif, ce qui explique qu’on retrouve souvent ça sur des bottes/bottillons ou des chaussures dont l’usage est plus «campagne». Là, on est dans le solide du solide, c’est bon pour aller sur la lune… ou pour aller prendre une marche en montagne.

Bon… avec ça, tu as pas mal de (peut-être nouvelles !) connaissances pour aller à la recherche de nouveaux souliers ! Et pour choisir ceux qui seront jolis le jour de leur achat, tout comme 8 ans plus tard !

Si jamais l’envie te venait de vouloir en apprendre plus, je te dirige (encore une fois !) vers le site de Jacques et Déméter, chausseur français de grande qualité.

Les différents montages des chaussures

Maxime, un des fondateurs de la marque, y explique avec moults détails toutes les constructions de chaussures auxquelles tu n’aurais même pas pu rêver.

Sur ce, on se revient bientôt avec un article de synthèse (heum heum… pas sûr de ce que ça veut dire) avec la question qui tue : dans le fond, de quoi as-tu besoin dans la vie de tous les jours ?! Mon humble avis sur la question est à venir…

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